L’INTER-RESEAUX MEMOIRES-HISTOIRES : présentation

Les années 1990 ont vu l’émergence croissante et multiple de « projets mémoriels » en France. A partir des années 2000, la mise en réseau – dans nombre de régions – d’acteurs associatifs et culturels travaillant sur les questions mémorielles (migrations, questions urbaines, travail…) constitue une réalité favorisant de nouvelles dynamiques citoyennes par les échanges, la mutualisation des expériences, les collaborations et la mise en partenariat d’initiatives locales. L’existence de ces réseaux régionaux correspond à une demande sociale, culturelle et éducative forte. L’inter-réseaux national Mémoires-Histoires a été créé en octobre 2015, parallèlement à l’action institutionnelle existante en France, pour impulser une dynamique plus globale

Le développement d’institutions spécialisées parallèlement aux orientations récentes de dispositifs publics, plus particulièrement dans le cadre de la politique de la ville et de la lutte contre les discriminations en France, semblent attester d’un certain volontarisme politique en la matière. La diversité des disciplines, des formes de restitution et d’organisation d’événements autour de tels projets sont également autant d’autres indicateurs : études et recherches, séminaires, recueil de témoignages, expositions, pièces de théâtre, productions filmiques… se multiplient ! Ces actions « mémorielles » sont régulièrement valorisées au travers des programmations de biennales et des rencontres thématiques organisées par les différents réseaux régionaux !

L’ensemble des sujets de société sont abordés à l’occasion de ces manifestations : l’histoire de l’esclavage, celle de la résistance et la déportation, les migrations, les identités culturelles, le monde du travail et les luttes du mouvement ouvrier, les luttes sociales et politiques, les lieux de mémoire, les images et les stéréotypes sur les territoires de la périphérie et de la « banlieue », les enjeux d’éducation et de transmission, la participation citoyenne et les pratiques de démocratie locale…

Les projets mémoriels peuvent être analysés comme des tentatives démocratiques essentielles. L’hypothèse est que le développement de la participation démocratique passe nécessairement par une prise de conscience, par les individus ou le collectif (notamment les associations), des éléments d’une mémoire commune qui forge un lien entre les personnes, les lieux et les événements dont les traces sont de moins en moins perceptibles aujourd’hui. À travers les projets mémoriels se forge donc progressivement une identité qui n’est plus subie mais revendiquée, et un désir de participation active à la vie de la cité. Les mémoires produites et restituées constituent pour les habitants des ressources symboliques, identitaires et militantes incontournables sur lesquelles repose le développement démocratique.

De fait, les questions des identités, des mémoires, des patrimoines et des territoires sont indissociables et ne peuvent être élaborées séparément. De plus en plus de citoyens, d’acteurs associatifs et culturels, institutionnels et politiques, artistes, chercheurs, enseignants, etc. agissent de concert pour proposer d’autres approches de ces questions. A ce titre, les réseaux régionaux Mémoires-Histoires constituent un cadre démocratique adéquat et pertinent favorisant une véritable intelligence collective d’action et d’intervention.

L’inter-réseaux national Mémoires-Histoires consolide de manière permanente ce travail de mémoire et d’histoire en ouvrant un horizon démocratique plus large.

Les projets « mémoriels » ont pour souci l’impact sur tous les publics car les « mémoires » singulières et plurielles s’inscrivent en toute légitimité dans une histoire plus globale des rapports sociaux individuels et collectifs. De fait, nous considérons que le travail de mémoire et d’histoire se situe dans une dynamique collective et globale des droits de l’homme et du citoyen, de lutte contre les préjugés, les stéréotypes, toutes les formes de discriminations et d’inégalités, et d’accès aux droits.
Il s’agit par conséquent à terme d’impulser à l’échelle européenne (voire internationale), et en lien avec d’autres réseaux ces nouvelles dynamiques citoyennes ; inscrire plus durablement les actions sur les territoires et auprès des populations ; agir contre les logiques de cloisonnement dans un contexte de fragilisation économique et sociale de l’action collective. L’enjeu est scientifique, culturel et artistique, pédagogique et, bien sûr, interpelle le champ politique.

Dans une vision stratégique à long terme, ce nouvel enjeu nécessite un engagement politique et un soutien public et privé durables, tant au niveau de la gouvernance européenne qu’au niveau des instances des pays membres.

L’inter-réseaux Mémoires-Histoires en bref

L’Inter-réseaux Mémoires-Histoires est composé actuellement de 8 réseaux régionaux mémoires-histoires, eux-mêmes composés d’acteurs associatifs et culturels travaillant sur les questions mémorielles, impulse de nouvelles dynamiques citoyennes par les échanges, la mutualisation des expériences et les collaborations et la mise en partenariat d’initiatives locales. Ce qui représente au total environ 400 associations œuvrant sur ces questions. Tous ces acteurs de la société civile sont en prise permanente avec le terrain, articule également ses actions aux dynamiques portées par d’autres acteurs ou réseaux d’acteurs dans le monde de l’éducation et de la culture, et en complément des institutions patrimoniales à dimension nationale (MUCEM, Musée du Quai Branly, Musée de l’Immigration, Centre des archives du monde du travail…), ou régionales et locales (le Musée dauphinois à Grenoble, le Musée d’Histoire de Marseille, le Musée d’Aquitaine à Bordeaux…).
Composition actuelle de l’Inter-réseaux
Le Réseau Mémoires-Histoires en Ile-de-France, le Réseau Sociétés Migrantes et ACT en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Réseau des acteurs de l’histoire et de la mémoire de l’immigration en Nouvelle-Aquitaine, le Réseau Mémoires Plurielles en Centre/Val de Loire, le réseau Traces Auvergne/Rhône-Alpes, le Réseau culturel du festival Strasbourg-Méditerranée et le Réseau Régional Mémoire et Histoire de l’immigration en Grand Est, l’association ANORDIE-Mémoires, cultures, migrations en Normandie, Tactikollectif et le Réseau d’acteurs de la mémoire en Occitanie…

Objectifs

  • Diffuser et valoriser les actions mémorielles (questions urbaines, travail et migrations) auprès du grand public par l’organisation de rencontres périodiques et régulières autour des questions mémorielles ; et en tenant compte des apports scientifiques et des expériences portées par les acteurs associatifs et culturels dans ce domaine et en tant qu’actions de médiations éducatives et culturelles de lutte contre les préjugés, les stéréotypes, et toutes les formes de discriminations et d’inégalités ;
  • Favoriser à moyen et long terme la mise en place d’un programme d’action publique sur les questions mémorielles, et particulièrement dans les quartiers de la politique de la ville, au niveau inter-régional et national (événements culturels, séminaires et ateliers, avec des outils de médiation éducative et culturelle, …) ;
  • Favoriser les partenariats et les dynamiques d’échanges entre réseaux et acteurs associatifs, culturels et institutionnels avec une mutualisation des connaissances et des moyens ;
  • Développer et produire des outils d’information et de communication (guides, répertoires d’acteurs, site collaboratif, Lettre d’information…) ;
  • Sensibiliser et qualifier les acteurs et réseaux d’acteurs travaillant dans ces domaines ;
  • Décloisonner les pratiques et savoirs avec une approche pluridisciplinaire (croisant les approches scientifiques, du monde associatif, culturel et institutionnel);
  • Développer des dynamiques inter-régionales, nationales, européennes et internationales.