Utopies et altérités. Pour une histoire inclusive
Histoire-mémoire, un antidote contre les discriminations ?
1er et 2 décembre 2017
Auditorium du Musée d’Art moderne et contemporain
Strasbourg

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du Festival Strasmed, à l’occasion du 10ème anniversaire sur le thème des Utopies – du 25 novembre au 9 décembre 2017.

Présentation
Face aux replis identitaires et aux nationalismes exacerbés qui secouent nos sociétés, comment faire acte de résistance et donner sens à nos utopies ?
Selon l’écrivain et poète Erri de Luca « l’utopie est le point de départ… », c’est un combat toujours recommencé pour l’égalité, la liberté et la paix. L’utopie symbolise l’esprit de résistance et ouvre les horizons des émancipations qui inventent et ré-inventent le monde.

Notre postulat d’utopie : l’entrée mémoire-histoire est une entrée transversale et permet d’éclairer les problématiques sur lesquelles les politiques publiques se mettent en place, et notamment en matière de lutte contre toutes les formes de racisme et de discrimination. Le travail de mémoire et d’histoire – dans sa démarche d’objectivation critique et scientifique – constitue un réel antidote contre la mise en concurrence des mémoires et leur hiérarchisation, et atténue par conséquent toute dimension conflictuelle active dans les approches affectives et émotionnelles.

A l’analyse, les notions et termes en usage de « race », « ethnie », « nation », « identité », et les mécanismes et processus de racisme (s) et de discrimination (s) – qui y renvoient – résistent difficilement aux cadres posés par l’analyse scientifique. De fait, l’approche histoire-mémoire révèle les non-dits dans les usages des termes et participe à mieux prévenir les effets en mettant des liens de compréhension entre les mots du passé et ceux du présent. Elle assure une certaine vigilance – ce serait son « utopie » – dans la construction des rapports sociaux. Cela permet de mieux appréhender par conséquent nombre de catégories de l’assignation et l’ethnicisation du rapport social qui en découle : « Noir/Blanc », « Juif », « Arabe », « Musulman », « étranger », « immigré »… Le travail de mémoire et d’histoire permet de revisiter toutes les approches intégrationnistes et culturalistes qui y sont corrélées dans la plus grande confusion conceptuelle : intégration, diversité, interculturalité… Il décrypte également ce qui se joue dans la production du « récit national » et des récits mythiques, vecteurs principaux de l’essentialisation.
Considérer par exemple la question de migrations sous le prisme unique de leur apport « positif » à la société française, est une démarche totalement réductrice, voire dépassée. Il s’agit d’appréhender comment les mémoires et les histoires des migrations s’articulent à la réalité actuelle des discriminations dans la société française et en déterminent le devenir.

Il est donc nécessaire de faire un état des lieux – sans prétention d’exhaustivité – des dynamiques locales, régionales, nationales, expériences et expertises sur les questions mémoires-histoires et de lutte contre les racismes et les discriminations, avec une valorisation pertinente des outils de médiation pédagogique et d’éducation populaire, et de transmissions.

Plusieurs tables rondes thématiques sont prévues dans le cadre de cette rencontre, avec des approches croisées réunissant des acteurs associatifs, culturels, institutionnels, des élus et des chercheurs et ouvertes au grand public pour construire les conditions d’une intervention collective avec un langage commun.